Selon le ministère de la Santé, 12 % des décès par le Covid-19 sont survenus à domicile. Pour sa part, le président du syndicat tunisien des médecins du secteur privé a indiqué que le nombre de décès à domicile des personnes atteintes du Covid-19 a augmenté en raison de l’absence de sensibilisation des malades et l’utilisation des médicaments sans consultation et sans prescription médicale.
Sa mise en garde concerne les personnes présentant les symptômes du Covid-19 et qui font usage des médicaments à domicile sans consultation médicale dans un établissement public ou privé, ou dans un centre de santé de base.
Mais en constatant ces taux élevés, ni le ministère de la Santé ni les structures médicales professionnelles ne se sont posé les vraies questions. Juste des constats et des recommandations du genre « la loi tunisienne interdit aux pharmaciens la vente des antibiotiques sans ordonnance médicale «. Pourtant, il fallait s’interroger sur les raisons qui poussent ces malades à rester chez eux pour lutter contre la maladie par le peu de moyens dont ils disposent, si tant est qu’ils en aient. Ils ne se sont pas demandé non plus sur les déterminants sociaux de ces malades ainsi que sur le difficile accès aux soins pour les plus démunis.
En effet, en Tunisie, il vaut mieux être pauvre et en bonne santé que pauvre et malade. C’est un secret de Polichinelle que de dire que le nombre des exclus de notre système de santé ne cesse d’augmenter au niveau de l’accès aux structures sanitaires publiques.
Ne parlons pas du secteur privé, aussi discriminatoire que profiteur. Pour s’en rendre compte, il suffit de consulter les factures qui se chiffrent par des milliers de dinars pour une hospitalisation en réanimation pour un patient Covid. Même les citoyens issus de la classe moyenne avouent ne plus pouvoir se faire traiter dans les cliniques.
Que dire alors des personnes qui ne peuvent se rendre ni dans les hôpitaux publics ni dans les cliniques ou les autres qui sont loin même des centres de soins de base. Ils préfèrent se soigner autant que possible par des recettes médicales traditionnelles ou par une automédication à haut risque mais qui coûte moins cher. On aurait souhaité voir les médecins qui ont prêté le serment d’Hippocrate prêter main-forte à ces malades en détresse qui préfèrent mourir pauvres que de mourir pauvres et endettés. Ou encore veiller à faciliter l’accès des exclus au système de soins. Entre-temps, il faudrait se rendre à la fatalité tunisienne. Dans ce pays, plus on est pauvre, plus on est malade et plus on a de risque de mourir prématurément et de surcroît à domicile.